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Victoire de Nicolas Boux De Casson sur le 6 max du 03/03/2016

Publié le 4 Mars 2016 par Brice CHANU in Tournois réguliers

Victoire de Nicolas Boux De Casson sur le 6 max du 03/03/2016

Félicitations à Nicolas Boux de CassonMélanie SoulardJulie Tessier,Marc RabastouValentin Crivello, et Vincent Girardin qui sont parvenus à se hisser jusqu'en tf du 6 max, jeudi soir, sur les 43 joueurs en lice. Et un grand bravo à Nicolas Boux pour sa deuxième 1ère place de l'année et à Mélanie, qui fait deuxième pour sa deuxième tf en peu de temps. GG à tous !

Moi, ce que j'aimerais, c'est que les joueurs comprennent le jeu. Avant de maîtriser la technique, comprendre réellement le jeu ! Je pense que c'est ça le vrai déclic pour tout bon joueur en devenir.

Victoire de Nicolas Boux De Casson sur le 6 max du 03/03/2016

Bon, eh bien, Monsieur Boux, félicitations ! Enfin, nous allons pouvoir la faire cette interview !

Nicolas Boux de Casson : Ben ouais, grave !

Cela dit, ce n'est pas ta première perf. de l'année.
Nicolas Boux de Casson : Non, j'ai fait quelques tf et j'ai fini premier du premier tournoi de l'année, je crois.

Alors, peux-tu, dans un premier temps, nous en dire un peu plus sur toi.
Nicolas Boux de Casson : Ouaaaais... Alors bonjour, je m'appelle Nicolas, j'aurai trente-sept ans cette année. Je suis avocat au barreau, je m'occupe de tout ce qui est judiciaire, civil, pénal... Je plaide, quoi ! Je suis marié, sans enfants. Je joue au poker depuis 2011. J'ai commencé à peu près quand je suis arrivé à POKESPHERE, quand je suis arrivé à Bordeaux, donc j'ai connu les locaux là-bas.

Nicolas Boux de Casson : Qu'est-ce qui t'a donné envie de te lancer dans le poker ?
J'ai toujours été amateur de cartes. J'aime bien les cartes, la belote, les jeux de ce style. Du coup, je me suis mis au poker et j'ai de suite été mordu. Je trouvais ça intéressant le côté stratégique, analyse, mathématique, etc. Et en fait, je me suis rendu compte que je ne savais pas du tout jouer, mais grâce à pas mal de bons joueurs de là-bas, j'ai pu progresser. Et maintenant, je mets des fessées à POKERSPHERE.

Quels sont les joueurs qui t'ont le plus fait progresser ?
Celui qui m'a le plus aidé, surtout au début, c'est MotherPunker, un ancien du cercle qui est en Asie maintenant et qui vit de sa passion. Et puis, ensuite, y'a un peu tous les joueurs de Pokersphère que j'ai pu rencontrer, notamment Yann Roudaut, Jonathan Therme, Steven Maiffredy, les Arkaniens, quoi !

Tu es premier au classement général, depuis la création de POKERSPHERE, quelles sont, d'après toi, les qualités qui font de toi un joueur aussi régulier ?
Nicolas Boux de Casson : Alors je pense d'abord, en premier lieu, que je suis beau gosse.

Oui, ça, ça impressionne de suite !
Nicolas Boux de Casson : Ben ouais, à la table, t'as pas envie de call un beau gosse parce que tu vas avoir l'air trop con...

Oui, et puis, ça éblouit aussi...
Nicolas Boux de Casson : Bien sûr, tu vois pas bien tes cartes, tu pensais que t'avais deux As, en fait t'as As/4 et voilà, tu te fais avoir comme ça. D'ailleurs c'est comme ça que je gagne des coups, les gens pensent qu'ils sont devant alors qu'en fait ils sont derrière...

Sans compter ceux qui aiment être derrière toi...
Nicolas Boux de Casson : Oui, moi j'aime bien aussi, mais j'aime pas que ça change, j'aime bien rester dans les mêmes veines...

Sinon, plus sérieusement ?
Il faut être discipliné, car le poker c'est une science, c'est de la technique. En fait, c'est un jeu qui est très simple quand on comprend son fonctionnement et qui devient très compliqué quand on joue contre des joueurs qui ont compris son fonctionnement, et c'est là que ça devient intéressant. Après, sans dénigrer les joueurs de POKERSPHERE qui sont plutôt au-dessus de la moyenne des joueurs de club, je regrette un peu qu'il n'y ait pas une meilleure dynamique pour développer les compétences techniques, et le jeu en général parce qu'il y a beaucoup potentiel, des gens qui comprennent et qui ont envie d'apprendre, mais qui ne font pas l'effort, par égo, ou fainéantise parfois peut-être même, je sais pas... C'est ça que je trouve dommage, car je n'ai pas l'impression d'avoir un niveau exceptionnel, et j'ai surtout pas le sentiment que qui que ce soit n'aurait pas les capacités de me rattraper, niveau technique.

Est-ce que tu ne penses pas aussi finalement qu'il y a plus de joueurs récréatifs à POKERSPHERE que de joueurs qui ont une réelle envie d'améliorer leur jeu ?
Nicolas Boux de Casson : Oui, y'en a certainement beaucoup. Après moi, ça ne me choque pas, on est aussi là pour s'amuser. Après tout, on n'est pas en casino, on ne joue pas d'argent, même si on ne joue pas sans enjeu. Tout dépend ce qu'on veut faire... Moi, des joueurs qui font n'importe quoi à la table parce qu'ils s'amusent, ça me choque pas à partir du moment ou c'est assumé. Leur niveau technique importe peu finalement. Après, c'est contre les joueurs qui ont tendance à prendre mal les coups sans avoir les capacités techniques de vraiment les analyser, c'est ça que je trouve plus dommage, car ça crée des tensions qui ne sont pas utiles, surtout dans un cadre qui est plutôt convivial, avec des gens qui s'entendent bien.

Et justement, ces joueurs qui assument être là uniquement pour le fun, ne te dérangent-ils pas parfois pas dans ton propre jeu ?
Nicolas Boux de Casson : Non, à partir du moment où l'on arrive à analyser les profils, c'est justement la capacité du joueur à s'adapter qui fait qu'on est un joueur gagnant ou un joueur perdant. Donc un joueur qui fait n'importe quoi, la plupart du temps il va finir par se faire attraper, alors c'est pas vraiment un problème. L'important est de réussir à déterminer ce qu'il fait.

On voit cependant aux tables que tu peux te montrer très critique concernant certains coups, tu peux même parfois avoir des mini-tilts...
Nicolas Boux de Casson : C'est pas faux ! (Il rit) C'est même complètement vrai. En fait, je pense qu'il va falloir que j'apprenne à être plus diplomate. Le problème c'est que, comme beaucoup de gens, j'arrive après des journées de travail épuisantes, et la fatigue plus la frustration font que parfois je manque de diplomatie, alors qu'en fait ce qu'il y a d'important à garder dans mon comportement – en tout cas, j'espère... et je suis désolé si j'en arrive parfois à froisser certaines personnes – c'est plus l'envie d'échanger, car c'est comme ça que j'ai appris et c'est comme ça que j'ai progressé. Mais malheureusement, des fois, je ferais mieux de tourner sept fois la langue dans ma bouche, car il y a des personnes qui n'ont pas envie d'apprendre.

Tu fais partie de ces joueurs qui ont envie de communiquer, pourtant le constat aujourd'hui est qu'il y a de moins en moins d'échanges entre les joueurs, concernant le jeu. Comment l'expliques-tu ?
Nicolas Boux de Casson : Il y a plusieurs raisons. La première, c'est qu'il y a de plus en plus de monde, il y a donc forcément moins de cohésion, du coup c'est plus difficile d'avoir une vraie dynamique de groupe. Après, la Pokerschool devrait être remise prochainement en place. Mais si ça se fait de moins en moins, c'est aussi parce qu'il y a un fossé qui se créée de plus en plus. Le niveau de certains a tellement progressé qu'ils ont du mal à expliquer leur façon de jouer. Il y a trop de lacunes en face et il y aurait beaucoup trop de choses à expliquer pour pouvoir avoir une analyse technique cohérente. Et comme personne n'a envie de passer une demi-heure sur un coup, eh bien ça se résume souvent par “c'est mal joué...” et tant pis ! On n'explique pas, si ça t'intéresse, tu viendras me parler, et sinon, tant pis.

Tu parles de gap trop important entre les bons joueurs et les débutants, mais n'y a-t-il pas aussi une difficulté éprouvée par les bons joueurs à considérer d'autres façons de penser et à s'adapter aux autres, tout du moins dans la communication et le fonctionnement de chacun ? Toi qui fais partie de ces joueurs, pourquoi ai-je l'impression que tu n'es pas (ou plus) dans cette démarche ?
Nicolas Boux de Casson : C'est vrai que je ne le fais pas avec les gens que je ne connais pas. D'une, parce que je n'ai pas envie de passer pour un gros con prétentieux. Fondamentalement, je ne suis personne. Je n'ai aucun palmarès à mon actif qui puisse faire saliver, et puis surtout, je n'ai aucune prétention, aucune ! Mon jeu est ce qu'il est. Je me fais plaisir, car j'arrive à dominer des joueurs qui sont moins bons que moi. Maintenant, reprendre la base avec quelqu'un qui ne me connaît pas... soit, il vient me voir et j'échangerai, soit non, car c'est trop vaste. Moi, ce que j'aimerais, c'est que les joueurs comprennent le jeu. Avant de maîtriser la technique, comprendre réellement le jeu ! Je pense que c'est ça le vrai déclic pour tout bon joueur en devenir.

On pourrait résumer cela en une question : “Pourquoi tu mises, ici ?”
Nicolas Boux de Casson : Exactement.

Pourtant, je sens aussi chez certains une forme de lassitude, tu ne crois pas ?
Nicolas Boux de Casson : Oui, peut-être... Je ne peux pas parler pour les autres, mais pour moi, je ne pense pas, car j'aime beaucoup échanger. D'une part, parce que moi ça me permet aussi de mettre à plat mon jeu et de voir si je fais des conneries, ce qui est difficile, car il faut qu'il y ait des personnes en face qui aient un peu de répondant... Après... (il réfléchit. Si... si, je vous assure !) Non, ce n'est pas de la lassitude ! N'importe qui peut venir me parler d'un coup qui s'est passé et il aura toujours une réponse, et pas que de moi... Steven et John sont également très à l'écoute, même s'ils ne peuvent passer non plus tout leur temps à tergiverser, tout simplement parce qu'ils n'ont pas que ça à faire et que c'est pas le bureau des pleurs...

On l'entend beaucoup, cette petite phrase...
Nicolas Boux de Casson : Oui, quand quelqu'un vient te raconter un coup et qu'il ne peut pas comprendre ce que tu vas lui expliquer, eh bien, tu ne lui expliques pas. Parce que c'est ça aussi... Quand on apprend le poker – et, je le disais, ça fait partie des qualités pour être un bon joueur – il faut être discipliné. Il faut apprendre les bases qui sont très simples... la technique pure, qui est cependant très difficile à maîtriser, mais indispensable pour échanger. Pour conclure sur ce point, moi je ne suis pas le meilleur joueur du monde, mais tant qu'il y a des personnes intéressées en face de moi, il n'y a aucune lassitude, car j'ai envie de donner. Ce que j'ai appris, c'est pas compliqué. Je ne suis pas plus intelligent que la moyenne, et si je l'étais, ça compterait pas vraiment, car ce que tu as à apprendre pour savoir bien jouer au poker, c'est basique. Il suffit d'un bon bouquin.

Tu insistes beaucoup sur la "discipline", quelles seraient tes autres qualités ?
Nicolas Boux de Casson : La patience, c'est indispensable. Surtout dans des tournois avec peu de profondeur comme ici. Il faut savoir attendre ses spots, et ils sont pas trop compliqués, car les gens font beaucoup d'erreurs, donc ça sert à rien de développer un poker trop puissant. Après, il faut être très observateur, et je pense que je m'adapte assez bien aux tables.

Tu parles d'observation, peut-on en déduire que l'un de tes points forts est ta lecture du jeu et des joueurs ?
Nicolas Boux de Casson : Concernant les joueurs, ça dépend lesquels. Quand on a de l'historique sur un joueur c'est pas très difficile d'avoir une lecture. Pour des joueurs que l'on ne connaît pas, il est plus difficile d'établir un profil. Après, oui, comme j'ai un historique sur beaucoup de joueurs, je les joue beaucoup plus facilement. Et puis, il y a l'expérience. Quand on a la technique et qu'on a joué cent mille fois les mêmes coups, à force, on ne fait plus les mêmes erreurs ! On paye pas hors de position avec des mains dominées pour pas lâcher top paire, ce genre de choses... ce qu'on voit beaucoup ici et partout chez des joueurs qui débutent. Ce sont des choses qu'on exploite très facilement ici et qu'on ne devrait pas.

Quels conseils donnerais-tu aux joueurs qui auraient envie aujourd'hui de développer leur niveau ?
Nicolas Boux de Casson : Déjà, la base c'est de s'acheter un bouquin de poker. Celui que je conseillerais aux débutants c'est "Power Hold'em Stratégy" de Negreanu sur le jeu “small ball”. Il est vraiment très bon, et ce type de jeu c'est ce qui marche très bien pour exploiter les faiblesses de ses adversaires, et c'est aussi idéal sur ce genre de structure où l'on a peu de profondeur. Ensuite, si on est désireux de vraiment développer son niveau, il y a les Kill Elky, qui poussent beaucoup plus loin la technicité. On commence à rentrer là dans le développement d'un jeu optimal en fonction de ses adversaires, de l'analyse de range projetés et des profils. Aujourd'hui, il faut bien équilibrer ses range de bluff et ses range de value, c'est pour cela que les bons joueurs ont tendance à overbet bluff ou value sur des rivières pour perdre complètement les joueurs. Quand ils sont faibles, ils ont l'impression qu'on veut les sortir du coup et ils payent... Et quand ils sont forts, ils sont emmerdés parce qu'ils ont fait grossir le pot sans être nutsé... Aujourd'hui, un joueur qui veut réussir à passer au-dessus de la moyenne, c'est deux bouquins, trois mois, quelques vidéos, des échanges avec deux trois joueurs pour supprimer ses mauvaises habitudes et c'est tf assurée à chaque tournoi !
Bon, eh bien Nicolas, merci beaucoup pour cet échange et à très vite... en tf !
De rien.

Victoire de Nicolas Boux De Casson sur le 6 max du 03/03/2016
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